Nathalie Massin
Vous êtes sur le point de me raconter votre vie, vous mourez certainement d’envie de savoir qui je suis !
Alors, c’est parti pour une biographie très condensée !
Commençons par le début
Je suis venue au monde dans une famille un peu compliquée. Peut-être est-ce pour cela que j’ai développé un goût prononcé pour la solitude ? Enfin, la solitude, pas tout à fait… Enfant, je n’étais pas seule, les livres et la musique me tenaient compagnie, je vivais dans un monde merveilleux, cernée de personnages et de mélodies. Et très vite, j’ai rempli des pages et des pages, donnant naissance à mes propres personnages, paysages, histoires.
Très vite aussi – dès que j’ai été capable de grimper sur le tabouret garni de velours qui trônait devant l’instrument, au salon –, je me suis familiarisée avec le piano.
En avant la musique !
J’ai alors reçu l’enseignement de la musique d’une personne aussi farfelue que passionnée, une Mademoiselle de 80 ans, qui a représenté pour moi une mère, une grand-mère, une amie, et chez laquelle je me rendais le plus souvent possible, chargée de partitions, de livres et de cahiers.
Elle m’avait réservé une pièce de son appartement, où je passais des heures à lire, écrire, jouer du piano, pendant qu’elle donnait ses leçons dans son salon.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille…
Ce furent les plus beaux moments de mon enfance. Mais un jour, Mademoiselle a quitté ce monde. Terrible douleur.
Au lendemain de mes 18 ans, je comptai mes économies durement gagnées à force de baby-sitting et autres petits boulots, et compris que je pouvais réaliser mon rêve : prendre le large.
Je voulais une destination lointaine. Je me voyais déjà chevauchant un cheval sauvage au fin fond du Montana, mais la réalité s’avéra quelque peu différente. Mes économies ayant été englouties par le financement du vol, je me retrouvai à New York sans un sou. De péripéties en rencontres, ce fut pourtant une année très enrichissante. Enfin, enrichissante pour l’esprit et le cœur, oui, mais pas pour le porte-monnaie…
Je voulais voyager encore, mais avant cela, je devais remplir ma tirelire.
J’ai donc posé mes valises à Paris et pris le parti d’étudier la musicologie, tout en travaillant à mi-temps comme vendeuse pour financer mes études. Cinq années se sont écoulées ainsi : une vie d’étudiante normale, jusqu’à l’obtention des diplômes.
Quand l’amour s’en mêle
Mais le virus du voyage ne m’avait pas lâchée ! Aussi ai-je repris mon fidèle sac à dos, et je suis partie une nouvelle fois. Les aléas de mes pérégrinations, les rencontres me construisaient. Tant de personnes, de vies différentes… de partages, tout cela m’a nourrie, je touchais du doigt ce qui me tenait tant à cœur : l’amour, l’énergie qui relie toute chose et tout être.
J’ai aussi rencontré un homme, notre amour indéfectible a donné naissance à un enfant, puis deux. Et nous sommes rentrés en France, le temps était venu pour un peu plus de stabilité.
Du cocon au chaos
Je suis entrée dans l’Éducation nationale. Trois autres enfants sont venus agrandir notre cocon de bonheur. Nous nous sommes installés au fin fond du Jura, où nos enfants pourraient s’épanouir au contact de dame nature. Et y sommes restés quinze ans. Notre harmonie s’est pourtant trouvée brisée lorsque notre dernier enfant nous a quittés, rejoignant les anges. Deuxième déchirante douleur de ma vie. Mais cette fois, énorme, dévastatrice. À tel point qu’elle paraissait me consumer à jamais, toujours vive, brûlante, me laissant recroquevillée au fond du néant.
Lire, écrire, chanter
Et pourtant… je me suis relevée, et un nouveau projet a vu le jour. Plus question de voyager à pied, cette fois, nous avons fait l’acquisition d’un véhicule poids lourd et l’avons aménagé en appartement. Et c’était reparti ! Nous avons sillonné les routes, créé avec notre fille Solveig notre groupe de musique irlandaise, La Dagda family on the road, et donné des concerts : encore des rencontres et des partages ! J’ai démissionné et me suis reconvertie : deux formations plus tard, je suis devenue correctrice-relectrice (formation chez MDMots), et biographe (formation avec Anne-Sylvie Pinel).
Mon premier roman
Les enfants ont grandi et vivent désormais leurs propres aventures. Nous avons posé nos roulettes sur un terrain baigné de verdure, où la musique des mots se mêle au chant des oiseaux.
Au calme, j’ai terminé l’écriture de mon premier roman, La Voie des veilleurs, et – parmi les plus grandes joies de ma vie – trouvé une éditrice pour le dorloter, Julie Dénès de Mindset Éditions.
Être correctrice, c’est assouvir ma soif de lecture, ça me rappelle les années d’enfance où je restais plongée dans les livres des jours entiers. C’est aussi creuser la langue, analyser, réfléchir.
Être biographe, c’est allier la passion de l’écriture à l’amour de la rencontre, de l’autre, qui possède en lui tant de richesse. Vivre un partage – certes éphémère, comme une rencontre de voyage, mais intense et qui reste gravé dans nos cœurs –, car finalement, c’est bien cela le sens de notre vie : nous sommes tous reliés, et à toute chose, et il importe de laisser vibrer ce lien.
Des mots pour le dire
Les mots sont pour moi une nourriture, une eau de source, une passion ! Que ce soient les mots que je lis, ceux que j’écris, ceux que j’entends, les mots chantés, déclamés, chuchotés, les mots qui racontent ou qui libèrent, ils me parlent.
Les mots de l’autre sont une rencontre, c’est pourquoi je suis devenue biographe. Pour vous rencontrer, vous, vos mots. Et dans le mot « biographe », on lit « bio » : la vie.
Votre vie est unique, votre parole également.