Cette cafetière, ce n’est pas de la camelote !

Cette cafetière, ce n’est pas de la camelote !

Ce n’est pas nouveau : tout changement engendre une résistance. Aujourd’hui – et même l’Académie française a entériné l’affaire –, les noms de métiers doivent être féminisés. Bien. Une juriste, une artiste, une pianiste ne gênent personne. De même, une pharmacienne, une institutrice ne posent aucun problème de compréhension.

Mais pour les professions d’officier, cafetier, camelot ou débroussailleur, doit-on dire officière, cafetière, camelote et débroussailleuse lorsqu’elles sont exercées par des femmes ? Eh bien, oui ! Certaines femmes vont peut-être y réfléchir à deux fois avant de devenir camelotes…

Notre belle langue souffre d’une absence du genre neutre. Qu’y pouvons-nous ?

Ainsi dit-on une vedette, une star, une étoile de la danse. Patrick Dupond était-il « un étoile de la danse » ?

Les métiers de sentinelle et de vigie, traditionnellement exercés par des hommes, sont bien des noms féminins.

L’écriture inclusive a débarqué dans la langue française avec ses gros souliers. Une occasion pour les âmes littéraires – et les personnes crispées à l’idée de se voir taxer de réactionnaires – de se creuser la tête pour trouver de jolies formules épicènes. Bien. Ainsi, l’équipe enseignante fleurit avec bonheur aux côtés des personnes de nationalité française. Eh oui ! quelqu’un s’est finalement aperçu que certaines femmes étaient enseignantes, et même, qu’il se trouvait des femmes parmi les « Français » ! L’idée générale reste tout de même de demeurer lisible.

Mais que penser des « nombreu·x·se·s personnes resté·e·s sans abri·e·s et sans-papier·ère·s » ? Hormis le fait qu’il est nécessaire de relire deux fois une telle construction pour la comprendre (je ne l’ai pas inventée, promis ! mon métier de correctrice m’a amenée à la découvrir dans un ouvrage à paraître prochainement), on peut légitimement s’interroger. Les papiers d’une femme sont-ils des papières ? Leur abri serait-il une abri ? Et, tout aussi intrigant, il serait nécessaire d’accorder le mot « personne », pourtant grammaticalement féminin, en employant ce fameux point médian ?

Alors si la féminisation des noms de métiers, titres et fonctions au nom de l’égalité homme-femme est nécessaire, gardons tout de même à l’esprit que le genre des mots en français est avant tout grammatical. Ne confondons pas tout et ne nous trompons pas de combat !

Loin de moi l’idée de m’opposer au progrès, mais une langue évolue avec le temps et par l’usage, non par des injonctions venues « d’en haut », qui divisent les personnes. Et vous, êtes-vous de celles qui culpabilisent, de celles qui revendiquent ou encore de celles dont les oreilles sont écorchées par ce brusque changement ?

Laisser un commentaire